Immobilier / passoires thermiques : trop froid l’hiver et trop chaud l’été, l’enfer toute l’année

Les logements énergivores ne laissent pas seulement passer le froid l’hiver. Ils se transforment en véritables bouilloires l’été, selon le rapport de la Fondation Abbé Pierre publié ce lundi 26 juin 2023.

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Passoires thermiques : aussi mauvais l’hiver que l’été

Les logements énergivores ne laissent pas seulement passer le froid l’hiver. Ils se transforment en véritables bouilloires l’été, selon le rapport de la Fondation Abbé Pierre publié ce lundi. La Fondation Abbé Pierre propose de subventionner l’installation de protections solaires fixes dans le cadre du dispositif Ma Prime Rénov’. La Fondation Abbé Pierre propose de subventionner l’installation de protections solaires fixes dans le cadre du dispositif Ma Prime Rénov’.
Précarité énergétique : pas uniquement le froid, le trop chaud également !

La précarité énergétique est souvent associée au ressenti du froid dans son logement et non à celui de la chaleur. Or, « l’été, les 5,2 millions de passoires thermiques impossibles à chauffer en hiver se transforment en bouilloires énergétiques impossibles à refroidir l’été », comme le souligne la Fondation Abbé Pierre dans son rapport sur la précarité énergétique d’été, publié ce lundi. En 2022, 59 % des Français déclaraient avoir souffert de la chaleur dans leur logement pendant au moins 24 heures, en augmentation de 8 points par rapport à 2020. L’été 2022 a été le plus meurtrier depuis 2003, avec un excès de mortalité de plus de 2800 personnes lors des canicules. Même en dessous des seuils de canicule, il existe des risques sanitaires liés à l’excès de chaleur.
35°C la nuit, c’est invivable !

« Le thermomètre ne descendait pas en dessous de 35 °C la nuit...Le principal problème de notre logement est la véranda qui est un sas de chaleur, et les fenêtres donnant sur l’espace de vie en simple vitrage et sans protection solaire », confie Laure, 24 ans, en colocation dans un appartement à Montpellier, à la Fondation Abbé Pierre. L’absence de protections solaires ou de volets peut effectivement rendre des logements inhabitables l’été. Certains habitants se retrouvent contraints à adopter des solutions sommaires et peu efficaces : « avec les épisodes de canicules qui s’annoncent de plus en plus fréquents et longs, impossible de tenir. 2022, j’anticipe, j’y pense depuis ce premier jour. J’achète des couvertures de survie pour les installer aux fenêtres. On gagne presque 5 °C, c’est pas si mal. Mais ça ne suffit pas pour tenir sur plusieurs jours, voire semaines », explique Dahlia, 35 ans, propriétaire d’un appartement à Paris.
Monuments historiques : les protections solaires interdites !

Des normes de préservation du patrimoine empêchent à certains endroits l’installation de protections solaires en façade. Selon la mairie de Paris, 30 % des opérations de rénovation énergétiques seraient bloquées ou annulées par la décision des Architectes des bâtiments de France (ABF). La Fondation Abbé Pierre prend l’exemple d’un immeuble en pierre et en brique, rue Ernestine dans le 18ème arrondissement, datant de la fin du XIXe qui a été isolé en 2022 mais dont la rénovation est incomplète. Des volets ne peuvent pas être posés en raison de la proximité de l’immeuble avec des monuments historiques.
Pas d’aide de l’État pour le confort d’été

La Fondation propose de faire évoluer les documents d’urbanisme et les règles de protection du patrimoine pour faciliter la pose de volets et de stores. Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, grossit le trait. « On n’est pas en train de dire qu’il faut repeindre les bâtiments haussmanniens en rose. Installer des volets c’est acceptable », explique-t-il au Figaro. L’augmentation des prix de l’immobilier pousse également les ménages à vivre dans des surfaces plus étroites, dont des combles non isolés. De plus, les aides de l’État pour la rénovation énergétique ne s’appliquent pas pour les équipements liés au confort d’été comme les protections solaires, alors qu’elles le sont en Allemagne, en Italie ou en Suède.

La Fondation Abbé Pierre propose donc de subventionner l’installation de protections solaires fixes ou de végétalisation pour la toiture dans le cadre du dispositif Ma Prime Rénov’ mais aussi de faire évoluer le Diagnostic de performance énergétique (DPE), obligatoire pour une vente ou pour une location, pour que le confort d’été influe sur l’étiquette du logement. « On a plus l’habitude de pousser en faveur de rénovations globales et pas pour des petits gestes mais là ces petits gestes, comme aider à l’installation de stores ou de volets, sont importants. Ils n’empêchent pas de faire des travaux de rénovation globale », souligne Manuel Domergue.

La Fondation suggère également d’inclure systématiquement l’installation de protections solaires dans les projets de rénovation de grande ampleur pour les copropriétés, comme un ravalement de façade ou une rénovation de la toiture. « On propose qu’il y ait des critères dans les règlements de copropriété concernant les volets, leur couleur... et qu’à partir du moment où on les respecte, on puisse installer des volets sans avoir besoin de formuler une demande d’autorisation à la mairie », ajoute Manuel Domergue. Autre suggestion, contraignante pour les bailleurs : obliger les propriétaires de biens locatifs à installer des protections solaires, ou des volets a minima. Des idées qui relèvent de la simple recommandation. « Aucune démarche juridique n’est entreprise. Nous avons bon espoir que ce thème soit consensuel, comme il relève du bon sens » conclut Manuel Domergue.

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